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LA PLACE COMME THEATRE DE LA FOULE REVOLTEE

Exposition - Débat

Comissaire d’exposition : Can Onaner

Débats animés par : Can Onaner, Guillaume Boubet, Philippe Simon

Ourcq Blanc, Paris, 2016

Pendant l’occupation d’une place par la foule révoltée, un espace- temps singulier se constitue, coupé de la réalité ordinaire de la vie urbaine : une ville isolée dans la ville, un mouvement arrêté dans le flux des événements quotidiens, une temporalité suspendue mettant entre parenthèse le destin d’un pays. L’atmosphère suspendue des places.

 

Il existe un lien entre la foule révoltée et l’architecture de la place qui l’accueille, à Tahrir, à Taksim, ou encore à Puerta del Sol. L’architecture de la place devient cadre, théâtre et symbole de la révolte urbaine. Elle s’identifie, pour un temps du moins, à l’événement qui s’y déroule, et en retour, l’événement s’identifie au lieu.

L’espace est détourné, retourné, la ville perd de son aspect policé, elle gagne en spontanéité. Une brèche s’ouvre dans le quotidien, une tension nait. Une appropriation que l’on sait n’être qu’éphémère, s’installe. Et puis, quelque soit le dénouement, le souvenir reste, parfois quelques traces. Quand la mémoire s’en empare, un symbole peut en naître.

 

La révolte urbaine marque les lieux de son sceau de manière quasi permanente, jusqu’à ce que peut-être un nouvel événement de plus grande envergure vienne engendrer un nouveau signe. C’est donc parce qu’il y a d’abord un événement - contingent et éphémère - que l’architecture de la ville peut paradoxalement prétendre à une certaine permanence de son signe.

Pourtant, pendant que se déroule l’événement, l’architecture des lieux subit un sort particulier. Sa physiologie change, se décompose, se reconstruit. Elle est formée par l’événement autant qu’elle donne son sens à l’événement en retour. Elle est une architecture de l’événement. A cet instant, rien en elle n’obéit à un projet d’architecte - aussi innovant fusse-t-il. L’architecture de l’événement est une architecture du suspens, sans continuité du passé, sans projet d’avenir pré-établi. C’est en ce sens que l’événement fait époque et que l’architecture de la place est sa surface d’inscription.

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