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Architecture de la foule - Foule et Magie

Studio de projet des Master 1 & 2 - ENSAB Rennes - 2021/2022
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ARCHITECTURE DE LA FOULE

Foule & Magie - 2021/2022

Studio de projet - ENSAB Rennes

Master 1 & 2

                                             

Encadrants responsables

Can Onaner avec Valerian Amalric

Mathilde Sari et Henri Bony

Labo photo : Emmanuel Groussard

Ce studio de projet vient s'inscrire en continuité du thème général de l'atelier qui se propose de travailler sur un type de bâtiment singulier : celui d’une architecture de la foule.

Entre la place publique ou l’agora, les stades et les bains, les théâtres ou les temples, l’architecture de la foule nous est apparu comme un espace du collectif, un lieu ancestral à re-convoquer et ré-inventer.

Cette année, l’atelier s’intéressera à un type de foule singulier : la foule magique.

Qu'est ce que la magie

La magie telle que nous l'envisageons suppose que les choses agissent les unes sur les autres sans contact direct et qu'entre elles existe un lien invisible et secret, mouvant, transformable à l'infini.

Dans les sociétés pratiquant une magie ancestrale et primitive, on considère que seules les lois de la nature dirigent le monde. L'homme comme fragment de cette nature cherche par la magie à agir sur ces mécanismes naturels. Les religions monothéistes et la pensée rationnelle moderne ont cherché à dépasser cette interaction entre l'humain et son environnement. La religion en plaçant l'enjeu en dehors du quotidien (au paradis). La raison moderne en neutralisant les forces magiques par des logiques et techniques abstraites. Dans les deux cas, l'architecture a joué un rôle essentiel dans la séparation de l'humain avec son environnement.

En repensant les rapports entre architecture et magie, nous chercherons à inscrire le projet d'architecture dans une cosmologie où l'humain n'est plus séparé de son environnement, où le rapport entre sacré et profane n'ouvre plus un gouffre au sein du quotidien, où l'animé et l'inanimé ne constituent plus une dualité irréconciliable. Un rapport au monde où l'édifice bâti n'est plus à considérer comme un objet fixe et permanent, mais une chose indéterminée dont les matériaux, les représentations et les significations évoluent selon les usages qu'en ont des foules.

Foule et magie

La foule se rassemble par rumeur, elle agit par contagion. Elle répond à une force invisible qui tient les corps ensemble. Elle se transforme. Elle donne une bonne image de ce qui serait la magie la plus naturelle. Un rapport au monde où matière et esprit, sans s'opposer, se mêlent l'un dans l'autre. Se déplace d'un sujet vers l'autre, humain ou non humain, organique ou non organique.

Qu'elles soient sacrées ou profanes, festives ou révoltées, ces foules sont toujours des formes en mouvement qui se font et se défont. Une ronde qui est un cercle tournant, une danse comme un enchainement de formes, des réunions rituelles autour de cercles dessinées au sol, des chants comme des figures spiraliques qui tournent en boucle pour devenir des lignes. Tous ont en commun de proposer des formes mobiles, qui s'ouvrent et se ferment en autant de portes à franchir entre des états de conscience, des perceptions d'un monde où rien n'est déterminé par avance.

Architecture et magie

Que ce soit par des éléments naturels ou des constructions humaines, pour une pratique collective ou individuelle, la magie se spatialise. La géométrie, avec sa logique mathématique et formelle constitue pour cela un des éléments courant de la magie. Quand un cercle ou des lignes apparaissent dans un champs, quand des arbres forment un cercle, on fait l'hypothèse qu'un rituel magique s'est déroulé là. On pense alors à cette phrase d'Adolf Loos : « Nous rencontrons dans la forêt un tumulus de six pieds de long et de trois pieds de large, tassé avec la pelle en forme de pyramide, nous nous arrêtons et une voix grave nous dit : quelqu’un est enterré là. Voilà ce qu’est l’architecture. »

Et si la magie se spatialise, elle se situe aussi dans le nom des lieux, des personnes, des créatures ou des outils et artefacts utilisés lors de rituels et qui ont autant d'importance que les choses, les lieux et les personnes elles-mêmes.

Alors, de la même manière que nommer peut revenir à convoquer et situer, représenter une chose revient aussi à la convoquer, c'est à dire à la mettre en mouvement. De la même manière qu'il existe des formules magiques que l'on prononce, il existe alors des figures magiques que l'on représente pour agir. Comme le mot, la figure et son dessin, convoquent et transforment.

S’intéresser à l’architecture de la foule magique, c’est donc s’intéresser à l’architecture qui nomme et qui situe, qui figure, qui spatialise et qui matérialise, qui édifie. C'est aussi s'intéresser à l'architecture non pas seulement comme la chose qui fait apparaître ou disparaître mais comme la chose qui apparaît et disparaît : la créature issue du rite magique.

Représenter la créature, représenter l'architecture mouvante
Un des enjeux pédagogiques du studio est alors de développer un mode expérimental de représentation : comment représenter une architecture de la foule, une architecture dont les formes, les limites et les spatialités ne sont jamais entièrement figées ? Comment représenter une architecture qui se transforme au rythme de ses occupations et usages ? Rarement des architectes ont représenté des foules dans leurs rendus. Et quand c’était le cas, il s’agissait souvent d’une masse figée mettant en valeur la grandeur de l’architecture. Or on peut aussi imaginer une architecture qui incarne le rythme et la densité d’une foule, qui prend forme et se transforme en conséquence.
Pour donner à voir cette labilité de l’architecture de la foule, nous proposons de donner une place importante au médium de la vidéo. Celle-ci permet d’intégrer les différentes temporalités de l’architecture échappant souvent aux représentations en deux ou trois dimensions. Les dessins et les maquettes d’architecture – documents autonomes – deviendront alors les supports essentiels sur lesquels se construisent les films. 
Ainsi, la vidéo qui agit par analogie avec l'architecture (comme réceptacle ou support, comme moyen de représentation, comme organisation de l'espace) viendra s’ajouter aux dispositifs de conception architecturaux.

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Méthode de Projet et déroulement du semestre

 

La méthode de conception ne présuppose ni programme, ni commande précise. A partir de références – bâtiments, lieux ou situations, réels ou imaginaires – les étudiants définiront eux-mêmes des scénarios où l’architecture interagit avec une foule magique de leur choix. Le projet consiste à matérialiser ces scénarios en les inscrivant dans l’espace et dans le temps. Les scénarios seront dans un premier temps pensés hors sol, en partant de dispositifs spatiaux issus de références architecturales.

La vidéo viendra s’ajouter aux dispositifs de conception. Elle interviendra à trois moments du semestre : une première fois lors de la recherche et l’élaboration de dispositifs architecturaux, une seconde fois lors du relevé du site et une dernière fois lors de la finalisation du projet.

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Les références

Une première phase d’analyse et de dessin se fera à partir de références architecturales proposées par les enseignants. Ces références – bâtiments, lieux ou situations, réels ou imaginaires – impliquent l'idée de magie sous une forme ou sous une autre. Elles seront analysées selon des thèmes différents comme l’échelle, la forme symbolique, la disposition spatiale, les modes d’occupation, les transformations dans le temps, le fait de cacher ou de révéler, de réunir ou de séparer, le mouvement, le rythme, la densité, le permanent et l'éphémère, le figé et le mobile, la luminosité, la sonorité, le rapport au sol, etc.

Le rendu de cette phase prévoit un tableau thématique de dessins et/ou de maquettes, où chaque dessin/maquette devient le lieu d’une expérimentation plastique et graphique qui met en avant les caractéristiques des bâtiments, lieux et situations étudiés.

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Les dispositifs

En s’inspirant des références analysées et redessinées, une seconde phase consistera à élaborer des dispositifs architecturaux. Ces dispositifs correspondront aux actes magiques suivants : le fait de nommer ; situer ; figurer ; spatialiser ; matérialiser.

Nommer : partir d'un dispositif associé à un nom reconnu, ayant une connotation magique (par exemple, l'Arc de Triomphe ou le Panthéon) ou bien nommer vous-même un dispositif inventé auquel vous accordez une force magique.

Situer : commencer en marquant un lieu pour un acte magique. Cette intervention peut être minimale, comme une pierre érigée, un tracé au sol ou des fils tendus entre des arbres.

Figurer : créer un motif qui symboliserait l'action d'un dispositif à effet magique, comme deux lignes courbées l'une vers l'autre pour induire la réunion de deux parties séparées.

Spatialiser : organiser l'espace afin d'accueillir un rituel magique en créant un dedans et un dehors, un devant et un derrière, un centre et une périphérie, grâce à des éléments continus ou discontinus : des murs, une série de colonnes ou de portiques.

Matérialiser : partir d'un matériau et des ses capacités magiques potentielles – tel pierre précieuse, tel bois, telle couleur. Mais aussi telle lumière, tel air, tel son et telle qualité atmosphérique, etc.A chacun de ces dispositifs sera associé une expérimentation vidéo qui viendra leur donner une temporalité et un mouvement. L'expérimentation vidéo visera à révéler un lien ou un événement qui serait autrement invisible : dévoiler ce qui est caché derrière un premier plan ; figurer un mouvement ou une matière invisible, comme le déplacement de l'air ou de la fumée, par le flou, le ralenti, l'écho ou la trace ; rendre visible le seuil en le révélant par son épaisseur imaginaire ou sa porosité.

Pour cette étape la vidéo se fera à partir de supports en maquettes et en dessins, à différentes échelles, de la miniature au 1/50, jusqu'à l'expérimentation plastique à l'échelle 1. Les prises de vue seront réalisées en studio avec un éclairage artificiel, des essais de décors peints, de couleurs, de lumières et de matérialités. Des expérimentations de manipulation d'images (comme la surimpression, le flou ou l'inversion) seront aussi testées.

Le rendu de cette phase se fera en dessin, en maquette et en vidéo. Le travail en dessin et en maquette permettra de dimensionner précisément ces dispositifs, de leur donner une matérialité. Le rendu vidéo attendu est une suite d'essais d'animation des dispositifs. Il ne s'agit pas encore de créer une continuité filmique à caractère narratif, ni de créer une séquence filmique à part entière, mais de tester des méthodes de figuration et d'animation pour chacun des dispositifs. Ces expérimentations en studio permettront de se familiariser avec l'outil vidéo et de dégager des protocoles de représentation, des ambiances sonores et visuelles, ainsi que les prémisses d'un récit, induit par les usages et les temporalités propres aux dispositifs.

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Les scénarios

En partant des dispositifs élaborés, une troisième phase consistera en l’écriture et le dessin d’un scénario. Celui-ci est à envisager comme l'ébauche d'un récit qui donnera vie à l'architecture de la foule magique. Le scénario permettra de synthétiser les enjeux et questions abordées : Quelles croyances ? Quels procédés magiques ? Quels types de foules ? Quels sites ? Quels dispositifs architecturaux ? Les propositions de scénarios peuvent être aussi bien réalistes, qu’utopiques ou dystopiques.

Le rendu de cette phase se fera par l’écriture d’un court texte (2 A4 maximum) ainsi que par la réalisation d'une illustration à travers des triptyques (3 lieux qui se répondent simultanément, ou un même lieu dans 3 temps différents). Les triptyques seront des affiches au format carré de 40x40 fait par dessin (axonométries et/ou perspectives) et collage (photo, texture...).

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Le site

Cette quatrième phase consistera à inscrire le projet dans un site réel. Le site intervient uniquement à ce stade du semestre parce qu'il doit être interprété et transformé – conditionné – par vos recherches sur la foule magique et ses dispositifs architecturaux. Le site proposé pour ce semestre est celui de la Courrouze.

La Courrouze, nommée « ZAC » ou « Eco-quartier », est aussi un espace où la ruine et les bâtiments en construction se confondent ; un lieu où les nouveaux édifices lisses et fantomatiques sont en attente d'une vie qui n'adviendra peut-être jamais ; une friche où la nature a repris sa place ; un chantier à la matérialité liquide et informe, saturé de signalétiques qui ne s'adressent à personnes ; une juxtapositions de grilles qui ne délimitent aucun espace qualifié.

Le rendu de cette phase se fera de nouveau sous deux formes : une « carte de lecture subjective » sous forme de dessin-collage et une courte vidéo sous forme de « poème visuel ».

La carte, comme la vidéo visent à inscrire le scénario dans le site. La carte en la situant dans l'espace et en lui donnant une échelle, la vidéo en suggérant le déroulement d'un rituel ou l'apparition d'un événement magique.

Le travail de vidéo commencera par des prises de vues et de sons sur le site, et se poursuivra par la sélection d'images d'archives afin de constituer la matière sonore et visuelle propre aux scénarios. Pour cette étape, le travail de montage comme lien de cause à effet visera à créer des séquences qui donnent à voir les effets magiques imaginés dans les scénarios.

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Le projet architectural

La cinquième phase sera l’occasion de constituer le projet architectural en partant des dispositifs spatiaux, des scénarios et des dessins établis précédemment, en les inscrivant sur le site. L’architecture de la foule magique, pensée d’abord à travers des dispositifs autonomes, sera métamorphosée par la confrontation au site, autant que le site de la Courrouze se verra transformé par ces architectures de la magie.

Le rendu de cette phase, sera en plan, coupes, perspectives et documents graphiques à différentes échelles, y compris des plans et coupes de situation montrant l’inscription du projet dans son site à une large échelle.

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Film et rendu général

La sixième et dernière phase sera l’occasion de fabriquer un dernier film reprenant les précédents, afin de représenter l’idée de l’architecture de la foule magique construite par la rencontre du site, des scénarios et des dispositifs architecturaux.

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