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Architecture de la foule - Foule et Magie

Studio de projet des Master 1 & 2 - ENSAB Rennes - 2021/2022
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Résilience, (re)devenir matière

Projet de Sami Aarab, Mathilde Gourmaud et Marie-Amélie André

L'ARCHITECTURE DE LA FOULE

Foule & Magie - 2021/2022

Studio de projet - ENSAB Rennes

Master 1/2

Encadrants responsables

Can Onaner avec Mathilde Sari

Valerian Amalricet Henri Bony

Labo photo : Emmanuel Groussard

Résilience, (re)devenir matière

Sami Aarab, Mathilde Gourmaud et Marie-Amélie André

Renaître. Il est vrai que nous étions jusqu’alors destinés à naître, vivre et mourir. Langage légitime et perpétuel des vivants. Car oui, qu’elle soit brutale ou attendue, violente ou paisible, pour une raison ou pour une autre. Tôt ou tard, la mort nous emporte tous. Et quand l’heure sonne, nous cessons de rire, cessons de danser, cessons de chanter. Et alors, pour ceux qui restent, le parcours vif qui se dessinait s’assombrit. Mais la mort n’est pas la fin de la vie. Nous. Nous ne cesserons d’être transportés. D’être magnifiés. D’être. Parce qu’avant tout nous étions, nous sommes et nous resterons un corps, un tout, que l’on touche, que l’on ressent, aux âmes vacillantes.

Ils descendront, les vivants. A notre rencontre, une dernière fois, pour tour à tour nous murmurer un dernier adieu. Un morceau de ciel se reflètera au sein du Lux qui nous bercera aux yeux humides de ceux qui restent. Ils nous emmèneront, les vivants. Au travers de la chair terrestre qui nous porte tous. Nous baigner dans la chaleur diffuse qui leur rappellera sans doute nos instants, aussi précieux soient-ils. Nous serons déshabillés de tout artifice, là, étendus, prêts à amorcer notre ascension. Ils nous couvriront de fleurs, de derniers baisers, de dernières caresses, d’écrits, que nos âmes garderont près d’elles dans ce monde d’après, qui les attend. Ils nous porteront, les vivants. Aussi pénible soit la procession. Marche après marche, ils trouveront la paix dans l’effort. Arrivés en haut du Silo, ils nous déposeront au coeur de l’ouvrage. Ils regarderont l’horizon, sentiront le frisson de l’air se glissant sur leur corps encore chaud, profiteront du calme que la hauteur offre. Ils comprendront que pour eux, le rituel touche à sa fin.

Pas pour nous.

Le soleil atteindra son zénith. La lumière éclaboussant notre corps une dernière fois, le mécanisme s’enclenchera, le diaphragme s’ouvrira, et notre corps, lui, bercé d’un ultime élan de tendresse, disparaîtra dans la lumière sacrée, rejoignant la terre même d’où il est né. Rejoignant tous les autres corps, pour ne faire plus qu’un. Nous serons alors entrés dans l’autre monde. Glissant entre les réseaux de racines entremêlées. Sentant la terre se nourrir de notre enveloppe charnelle. Nous laisserons la matière nous enlacer pour que nos âmes se libèrent de ce corps qui ne vit plus. Une dernière offrande, nécessaire, sacrée, un dernier acte de résilience.

Ils nous reverront, les vivants. Plus tard. Lorsque le temps les aura réparés. Dans cette terre chargée de souvenirs précieux, faite de nos enveloppes décomposées. Cette terre palimpseste dont nous faisons tous partie. Cette terre qui nous porte, nous berce, nous entoure, indéfiniment. Cette terre fourmillante de vie. Cette terre qui grouille d’énergie et d’espoir. Ils pourront, les vivants. Grâce à leur résilience. Planter, disperser, polliniser de vie les terres en notre mémoire, en leur mémoire, grâce à cette essence charnelle. En dépit de la douleur qu’aura causé notre départ, leur deuil s’accomplira. Ils accepteront. Et comme des phénix, nous renaitrons. Nous perdurerons, tant que la vie ne cessera d’être contagieuse par magie.

Peut-être nous rencontrerons-nous à nouveau. Autrement.

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