2010/Concours pour le cimetière de Polasella
Can Onaner / Nicolas Duru / Georgi Stanishev
Localisation Polasella, Italie
Projet 2010
Un cimetière, aussi triste qu’il soit, est d’une grande importance pour l’architecture. Les cimetières se sont développés au même rythme que les villes. Ils abritent les souvenirs, les sentiments, ce qu’il reste des hommes et des villes.
Le cimetière, qu’il se situe à l’intérieur ou à l’extérieur de la ville, est toujours un fragment de ville qui sert de transition entre la vie et la mort. L’enceinte du cimetière marque la limite avec le monde des vivants et fait du cimetière une ville des morts à l’intérieur de la ville des vivants. Dans certains cas, cette limite est difficile à déceler ; les cimetières deviennent des jardins que l’on traverse en déambulant, des parcs dans lesquels on s’arrête pour suspendre le temps de la ville. Le caractère civil du cimetière triomphe alors sans perdre sa monumentalité, et le culte des morts devient un prolongement des liens parmi les vivants.
Un cimetière, aujourd’hui, peut concilier ces deux aspects contradictoires : il peut d’une part marquer clairement ces limites en conservant son caractère symbolique ; constituer un moment suspendu à l’intérieur de la vie urbaine. D’autre part, il peut accueillir la vie à l’intérieur de son enceinte et offrir un lieu de contemplation et d’espoir, aussi bien qu’un espace de deuil.
C’est en observant la forme de l’ancienne enceinte que nous avons envisagé le présent et le futur du cimetière de Polesella. Par sa géométrie simple, par sa composition centralisée et symétrique, l’ancien cimetière se constituait comme une forme urbaine claire. Or, les interventions successives à l’extérieur de cette première enceinte ont mis en doute la clarté de la forme originelle. Elles n’ont pas respecté le tracé ancien sans pour autant proposer une véritable autonomie pour les nouvelles constructions.
Partant de ce constat, nous avons voulu reconstituer une nouvelle enceinte qui viendrait doubler l’ancienne. A n de libérer un maxi- mum d’espace pour ces jardins, et pour accueillir les tombes à venir, nous avons préféré concevoir un bâtiment longitudinal qui apparait comme un épaississement de la nouvelle enceinte et prend la forme d’une muraille médiévale. Ce bâtiment est structuré autour d’une rue intérieure rythmée par des puits de lumière monumentaux. Le parcours débute avec un portique léger en métal posé sur l’herbe et se termine avec une construction vide, de forme cylindrique, percée de fenêtres sur toute sa hauteur. L’étage de la muraille, accessible par des escaliers monumentaux situés en façade, est parcouru le long de l’axe en traversant les 4 unités de columbariums s’élevant sur deux niveaux.
Par son caractère à la fois massif et poreux, sa composition volumétrique simple et rythmée, la tour-muraille répond au caractère rituel et intemporel qui est propre à l’idée de cimetière. Il est l’épaisseur que l’on habite, entre la vie et la mort.