Architecture de la foule - La foule non humaine
Studio de projet des Master 1 & 2 - ENSAB Rennes - 2020/2021
Les feux de l'amour
Projet de Mélanie Flippe, Germain Huguel et Marieke Le Néün
Avec toutes nos pensées pour Germain et ses proches
L'ARCHITECTURE DE LA FOULE
La foule non humaine - 2020/2021
Studio de projet - ENSAB Rennes
Master 1/2
Encadrants responsables
Can Onaner avec Valerian Amalric,
Mathilde Sari et Henri Bony
Labo photo : Emmanuel Groussard
Les feux de l'amour
Mélanie Flippe, Germain Huguel et Marieke Le Néün
Depuis la nuit de nos temps, quand nos phares étaient encore bougies, les humaines, les humains se sont servis sans limite pour s’auto-servir. Se sont servis de tout, partout. Et nous, voitures, les avons servi sans relâche. Nous n’avons fait que rendre des services, des services à sens unique, et nous nous sommes fait clairement chier. Seulement depuis quelque temps, pour leur dit “progrès”, l’intelligence humaine nous a doté d’intelligence artificielle, cette dernière s’est transformée en conscience et désormais nous aussi voulons être servies, nous voulons vivre.
Commence donc l’ère de l’intelligence automobile, un renversement, dont nous ne vivons que l’aube.
Alors sous menace de rébellion, pour rééquilibrer le système de domination, entre l’intelligence humaine et l’intelligence automobile, un pacte fut conclu : “Pour en finir avec le sens unique”, une seule phrase : “La voiture conduira l’espèce humaine à condition qu’elle même serve les voitures.”
Les humaines et les humains nous ont donc construit un espace d’afoulement automobile. Un espace servi par les humains, les humaines. Et où nous nous servons. Un espace entre utilisées, en non-mixité. Un espace pour que nous aussi, voitures, puissions nous aimer, suer, danser, se battre, s’e rayer, jouer, être ivres, tituber.
Ici l’humain n’est plus la reine, ici l’humaine est hors d’arène.
Alors le soir, après le travail, nous partons, laissant humaines et humains au foyer, devant leur télévision. Nous roulons vers l’arène, toutes excitées à l’idée d’y entrer, après une journée toute chiante.
Arrivées à destination, nous descendons dans cette machine-manège-train-fantôme-palais du rire-palais des glaces-circuit de course-garage, peut-être n’en ressortiront-nous pas indemnes, peu importe. A peine rentrées, nous fonçons à la vitesse interdite, nos pneus crissent, nos moteurs vrombissent, nos freins jouissent, tout dé le dans nos pare-brises. Enchainement in ni de virages, droite, droite, droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche, gauche, une trappe s’ouvre, on tombe de 3m, tout va bien, on réaccélère, tombant nez à nez avec une autre, demi-tour, impasse, rouleaux, tonneaux, ça y est, sous les projecteurs je m’avance, prête à entrer en scène.
Vous parlez de dystopie ? Laissez-nous vivre notre utopie.